
Pour comprendre un texte, il faut en comprendre 90% des mots. En dessous de ce niveau, notre cerveau est tellement mobilisé pour déchiffrer les mots qu’il perd de vue le sens général.
Ce chiffre peut paraître surprenant. La plupart du temps, nous pensons n’avoir besoin que de la moitié des mots pour comprendre un texte.
Alors, faisons un essai.
Mettez-vous à l’épreuve
Voici un extrait de texte sur l’avènement des médias auquel on a laissé environ 70% des mots:
Avec l’a…………………. de la radio dans les années 1920, qui s’……. à une p……… très n…………, se d…………….. la n……… de «communica…………… ». J……-là le t…….. de communication ne c………………… que les moyens et v……… de t……………… L’information est ainsi p………… au c……….. de la civilisation industrielle et d……. un e……. à la fois politique, s………, c…………. et écono………. Le d……………. de la télévision après la S………. Guerre mondiale, puis des t…………… d………. dès les années 1960, met l’information et la communication au c…….. même de l’orga………. de n.. sociétés. La radio et la télévision sont dans un p………. t……… des média de s……… pulbi….. Ce n’est que plus t…… que des radios et des ch…….. privées ou à v…….. commerciale v………… le jour.
Vous avez beau connaître le sujet, l’effort est énorme. Et la compréhension générale vous échappe sans doute.
Même chose si on garde les mots, mais qu’on les altère:
Avec l’avrenostement de la radio dans les années 1920, qui sjout à une prassa très mobreuse, se lvoppe la notin de «communicationdmassa». Lusqu-là le tmr de communication ne commenait que les moyens et vies de trasprot. L’information est ainsi lacéé au rœuc de la civilititon industrielle et devit un jeu à la fois politique, sociéle, culturl et éconopue. Le dépment de la télévision après la Sedec Guerre mondiale, puis des technogolies digtls dès les années 1960, met l’information et la communication au roec même de l’organito de son sociétés. La radio et la télévision sont dans un prmr tmp des média de servi pulbiq. Ce n’est que plus trd que des radios et des chans privées ou à vacaton commerciale vont le jour.
C’est mieux, mais toujours pas top. Le cerveau bloque sur les mots déformés, la lecture est laborieuse.
Maintenant, laissons 90% de mots corrects:
Avec l’avrenostement de la radio dans les années 1920, qui s’ajoute à une presse très mobreuse, se développe la notion de «communication de masse». Jusque-là le terme de communication ne concernait que les moyens et voix de traspt. L’information est ainsi placée au rœuc de la civilisation industrielle et devient un jeun à la fois politique, social, culturel et économique. Le développement de la télévision après la Seconde Guerre mondiale, puis des technologies informatiques dès les années 1960, met l’information et la communication au cœur même de l’organito de nos sociétés. La radio et la télévision sont dans un premier temps des media de service public. Ce n’est que plus tard que des radios et des chaînes privées ou à vacaton commerciale voient le jour.
Tout est plus fluide. Vous comprenez le fond, même si quelques mots sont mal écrits.
Ce que nous dit le test
Ce petit test de lecture montre une chose simple: il est important d’utiliser des mots courants. Afin d’assurer que le lectorat vous comprenne. Bref, le seuil des 90% permet de maintenir la continuité cognitive.
A l’échelle d’une entreprise, d’une administration, d’un service public ou d’une organisation, cela oblige à vraiment repérer les tics de langage et les références internes. En gros, ce
qu'on appelle le jargon.
C’est aussi pourquoi en FALC et en langage clair, on vous demande d’utiliser des mots simples.
Comment trouver des mots simples
Maintenant, pas toujours facile de trouver des mots simples. Il n’y a pas de recette miracle. Mais des indices. En voici 4 :
- Des mots courts – plus un mot est long, plus il sera potentiellement difficile à lire
- Des mots courants – basez-vous sur les dictionnaires d’apprentissage de base des enfants et des adultes
- Des mots utilisés à l’oral – les mots que vous utilisez uniquement à l’écrit sont généralement compliqués, spécifiques, professionnels.
- Des mots utilisés par votre lectorat – rencontrez votre lectorat, faites-le reformuler et intégrez leurs mots à votre vocabulaire de communication.
Oui, mais alors… et la lecture rapide?
Quand je présente cette statistique, on me dit parfois que la lecture rapide (lecture en diagonale) ne serait pas possible.
Et bien regardons ce qu’est la lecture rapide. La lecture rapide est un ensemble de techniques pour aller plus vite sans perdre le sens. Par exemple :
- Prévisualisation: parcourir titres, intertitres, premières et dernières phrases pour activer le contexte avant la lecture.
- Regroupement: lire par groupes de mots plutôt que mot à mot pour réduire le nombre de fixations oculaires.
- Vision périphérique: élargir le champ de fixation pour capter davantage d’indices en un coup d’œil.
Ces techniques se bases sur un principe: pouvoir reconnaître facilement des mots et groupes de mots. Bref, la lecture rapide exige elle aussi – et peut-être encore plus – une reconnaissance immédiate des mots et des prédictions fiables d’un groupe de mots au suivant.
Si vous ne connaissez pas les mots, vous ne pouvez pas les reconnaître et vous ne pouvez pas appliquer les stratégies sélectives pour lire.
Avec 90 % des mots connus, les indices linguistiques sont suffisamment nombreux pour survoler, trier et décider où s’arrêter, sans perdre le sens.
Vous aidez tout le monde
Avec 90 % des mots connus, vous aidez:
- Les lecteurices qui ont des difficultés de lecture.
- Les lecteurices qui lisent facilement.
Profitez-en! Appliquez-vous à utiliser des mots simples. :)
© Texte et image: France Santi, textoh!