Éliminez la nominalisation

En communication, la nominalisation prend parfois beaucoup de place. Il faut dire que la nominalisation a un atout: elle donne ce je-ne-sais-quoi qui semble rendre nos écrits plus sérieux et légitimes. D’ailleurs, elle aime particulièrement s’exprimer dans les écrits professionnels et académiques. Mais voilà, cela se fait au détriment de la clarté.

Vous vous demandez si vous faites de la nominalisation? Avant de répondre à cette question, reprenons la base.

La nominalisation, c’est l'art de transformer des verbes ou adjectifs en substantifs.

C’est souvent pratique pour condenser un propos.
Par exemple:

• «savoir prendre ses propres décisions» devient «autodétermination».
• «Ce que nous faisons et voulons réussir à faire» devient «Notre mission».

Mais nominaliser ne rime pas toujours avec condenser. Parfois, elle rallonge.
Par exemple:

• «analyser» devient «effectuer une analyse»,
• «décider» devient «prendre une décision»
• «déguster» devient «faire une dégustation».

La nominalisation a 3 effets dangereux pour la clarté.

• Elle crée des mots conceptuels souvent difficiles à comprendre.
• Elle alourdit et allonge les phrases, les rend pompeuses et complique souvent la compréhension.
• Elle dépersonnalise et rend le propos moins engageant.

Pour ce deuxième point, je ne résiste pas à vous donner 5 exemples, certes fictifs, mais éloquents. Et qui pourraient sans problème se trouver dans un rapport ou brief ou mail se voulant bien «professionnel»:

• «La réalisation d'une analyse des données est essentielle.»

  Alors que l’on pourrait écrire:

  «Analyser les données est essentiel.»
• «La prise de décision rapide est cruciale dans notre secteur.»

  Alors que l’on pourrait écrire:

  «Décider rapidement est crucial dans notre secteur.»
• «L'amélioration de la productivité est notre objectif.»
  Alors que l’on pourrait écrire:

  «Nous visons à améliorer la productivité.»
• «Le traitement de votre demande est en cours.» 

  Alors que l’on pourrait écrire:

  «Nous traitons votre demande».
• «L'optimisation de la navigation sur notre site»

  Alors que l’on pourrait écrire:

  «Nous optimisons la navigation sur notre site.»

Vous le voyez: la nominalisation allonge les phrases ou les rend plus abstraites. 
Alors, préférez les verbes. 


Les verbes dynamisent nos phrases. Ils rendent le message plus direct et plus vivant, facilitant ainsi la compréhension et l'engagement de votre public. Un plus pour la communication B2C comme pour la communication B2B.

Il y a plusieurs raisons qui nous poussent à faire de la nominalisation. J'en cite 3 particulièrement courantes.

• Le besoin de prouver son professionnalisme. Car oui, la nominalisation donne un air de sérieux et d'expertise. On a alors l’air plus légitime.
• L’habitude. La nominalisation est traditionnellement utilisée dans les milieux professionnel et académique. On fait comme les autres. On reprend les modèles, usages et tics de langage.
• L’amour des concepts. La nominalisation permet de condenser des idées complexes en un mot. Des mots conceptuels. Des mots de jargon.

Alors, si la nominalisation s’immisce partout, il faut surtout faire attention aux écrits avec lesquels nous voulons transmettre sérieux et professionnalisme.
Par exemple:

• les emails et les courriers.
•  les rapports et les briefs de projets.
• les textes destinés à sa hiérarchie ou ses partenaires.
• les documents présentant les missions, visions et stratégies d’une organisation ou entreprise.

Pour éradiquer la nominalisation, soyez attentifs aux mots finissant par -tion, -ment, -age, etc. Dès que vous en voyez, demandez-vous quel verbe se cache derrière et, si vous pouvez, remettez ce verbe.

Pour vous aider, je vous ai concocté une fiche mémo format A6. Elle contient 9 exemples de nominalisation. Et un petit résumé sur la nominalisation : pourquoi et où on nominalise et quels problèmes cela pose.

Texte: France Santi

Photo: 123rf/annlisa - France Santi