Le facile à lire est-il une tâche du politique?

Les villes, les cantons et la Confédération ont-ils pour tâche de faire des informations en facile à lire? C’est-à-dire des informations pour les personnes avec un handicap de type cognitif? Il semble que les autorités prennent de plus en plus conscience de leur devoir. Une ville montre l'exemple. 

Ce ne sont pas nos affaires

Je me souviens d’une intervention de Monsieur Nussbaumer, responsable des services linguistiques de la Chancellerie fédérale à Berne. C'était lors d’une conférence organisée fin 2016 à Zurich. 

 

Il a alors été clair: la Confédération a pour tâche de rendre ses informations digestes, certes. Mais de là à faire des informations en facile à lire... Non, il y a des limites qu'on ne peut franchir. Du coup, il revient aux associations et organisations du handicap d’adapter ces informations pour des publics avec des besoins spécifiques.

 

Mais depuis, il semble que les politiques bougent. A l’image d’Uster, troisième ville du canton de Zurich avec 35'000 habitants.

L’exemple d’une ville zurichoise

Fin de l’année passée, la ville d’Uster a adopté un budget et un catalogue de possibles mesures pour faire avancer l’intégration des personnes handicapées.


Le budget se monte à 220'000 francs. Une somme annuelle pendant 4 ans. Cet argent finance un poste à 80% et la mise en œuvre de mesures d’inclusion.
Les mesures sont listées dans un catalogue.

Le facile à lire noir sur blanc

Particularité: ce catalogue cite le facile à lire comme mesure d’intégration, noir sur blanc. Les mesures suivantes sont par exemple citées: offrir des livres en facile à lire à la bibliothèque, traduire des documents officiels, voire des articles de journaux en facile à lire.

 

Le catalogue ne s’arrête bien évidemment pas au facile à lire. Bien d’autres aspects sont pris en compte (formation du personnel de la ville, amélioration de l’accès en matière architecturale, soutien à l’intégration professionnel, etc.). Et personne ne sait encore quelles mesures seront réellement mises en œuvre. Mais une chose est sûre: le facile à lire est maintenant un moyen d’égalité et d’accessibilité reconnu.

 

Et cela me réjouit beaucoup, vous vous en doutez.

Et les autres aussi…

Uster n’est qu’un exemple. D’autres initiatives font jour. J’entends parler de différents projets. Mais ce n’est pas facile de tout savoir et tout connaître. Alors si vous êtes au courant d’initiatives politiques (au niveau communal ou cantonal) en faveur du facile à lire, partagez-les avec moi. J’en serais ravie.

 

Ah, encore un détail. Côté Confédération, ça bouge aussi. Le facile à lire fait partie dorénavant des objectifs du bureau de l'égalité BFEH. Et la Chancellerie fédérale se montre moins sceptique: elle a monté l'année passée un groupe de travail qui se consacre… au facile à lire et à comprendre. ;-)

Article: France Santi


Merci à la Convention

Le facile à lire s’impose toujours plus. Un fait réjouissant. La cause? Sans doute une prise de conscience générale: les autorités (et les entreprises) remarquent de plus en plus qu’elles proposent des informations compliquées… Très compliquées… Trop compliquées.
Mais la cause première est sans doute la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH). Cette convention exige en effet que les informations soient accessibles (voir les articles 9 et 21). Et cela pour tous les types de handicaps.
Ceci est une grande avancée par rapport à la Loi Handicap (LHand). En effet, si la LHand revendique explicitement l’accessibilité de l’information, elle ne nomme pas les personnes avec un handicap cognitif comme public-cible (voir l’article 14).